La sortie du livre du Cardinal Sarah et de Benoît XVI a créé la polémique à double titre : la place du pape émérite vis-à-vis de son successeur, et le sujet du célibat des prêtres. Or, médias et non-croyants se repaissent du sous-entendu de cet ouvrage : que le pape François est favorable à leur mariage. Il est grand temps de mettre les points sur les « i ».
Cela a fait grand bruit dans les médias, le pape émérite Benoît XVI aurait cosigné un ouvrage avec le Cardinal Sarah, attaquant alors le pape François sur sa position quant au célibat des prêtres. Finalement, on nous apprenait ensuite que le pape Benoît XVI aurait été instrumentalisé et qu’il ne serait plus en possession de tous ses moyens. Tourner son ennemi en dérision en l’absence d’argument, que c’est facile… Avant d’entrer dans le vif du sujet, commençons par rétablir quelques vérités :
- Le pape Benoît XVI a bien participé à la rédaction de cet ouvrage : le livre est composé d’une introduction, d’un texte de Benoît XVI, d’un texte du cardinal Sarah et d’une conclusion.
- Benoît XVI savait que l’ensemble serait publié sous forme de livre puisque le pape émérite en a lu les épreuves.
- Ce dernier a d’ailleurs lu et approuvé l’ouvrage, avant sa publication.
- Toutefois, lors de la prochaine édition du livre, il ne sera pas cité comme co-auteur, mais son nom demeurera sur la couverture du livre.
- Le pape François est formellement opposé au mariage des prêtres. Il a toutefois émis une réflexion sur la possibilité d’ordonner prêtres des viri probati, c’est à dire des hommes mariés, ayant fait leurs preuves sur le plan humain et pastoral. Cette mesure ne concernerait que l’Amazonie, en manque cruel de prêtres.
- Ni Benoît XVI, ni le Cardinal Sarah, n’ont attaqué le pape François. Il s’agit simplement de rappeler un fait doctrinal (on va y revenir) et constitutionnel. Ne pas le faire, voilà ce qui serait problématique.
À noter qu’il existe des exceptions, mais cela ne doit rester des exceptions. Elles se justifient en tant qu’exceptions, mais cela ne sera pas l’objet de cet article.
On nous rabroue en permanence dans les médias que personne ne peut plus parler au nom d’une communauté dont il n’est pas membre. Milieux féministes, communautés ethniques aux origines étrangères, etc. Je trouve cela assez fermé, mais admettons. Sauf que dans ce cas, au nom de quoi tout le monde, dont essentiellement des gens qui n’en sont pas, se met-il à dire à Église ce qu’elle devrait faire ? Puisqu’avant d’avoir un avis, il est de bon ton de comprendre le pourquoi du comment, je me suis alors mis en tête de vous exposer les raisons d’être du célibat sacerdotal.
L’institution du célibat par Jésus
Commençons par revenir sur un point important : oui, Jésus fait mention du célibat de son vivant. On peut d’ailleurs le lire dans Matthieu 19:12 :
« Car il y a des eunuques qui le sont dès le ventre de leur mère; il y en a qui le sont devenus par les hommes; et il y en a qui se sont rendus tels eux-mêmes, à cause du royaume des cieux. Que celui qui peut comprendre comprenne. »
Certes, à aucun moment le Christ n’en fait une obligation, mais ce point est à prendre en considération avec ce qui suit plus loin dans l’article.
Par ailleurs, on nous rappelle que certains des apôtres de Jésus étaient mariés. Citons par exemple Simon, devenu Pierre, premier évêque de Rome. Ce qu’on oublie aussi de dire, c’est que pour devenir apôtre de Jésus , Pierre a tout quitté (comme on peut le lire dans Marc 1:29-39). Ainsi est-il attendu d’un prêtre un engagement plein et entier ; nous y reviendrons un peu plus loin.
Dans les premiers siècles du christianisme
On a lu ici et là que lors des premiers siècles, les prêtres se mariaient et que cela ne posait aucun problème. En fait, ce n’est pas tout à fait vrai. Tout d’abord, s’il n’est fait aucune mention d’interdiction dans les écrits des premiers siècles (et Dieu sait que concernant la religion chrétienne, nous disposons d’une immense quantité d’écrits considérés comme historiquement fiables et authentiques), cela ne signifie pas pour autant que la pratique était encouragée. Quand bien même, la pratique fut de courte durée, puisque le Concile d’Elvire, en l’an 306, interdira aux membres du clergé de prendre une épouse. Ceci était fait dans un souci d’élévation spirituelle, afin de se consacrer à la Parole de Dieu.
Bon, tout à fait entre nous, ça n’a pas super bien marché, cette interdiction. Et pendant un moment, chacun a un peu fait ça à sa sauce dans son coin. Autant dire qu’une bonne partie des clercs de l’époque se sont assis dessus. Qu’à cela ne tienne ! En l’an 325, rebelote, avec le Concile de Nicée qui entend bien faire appliquer le concept et interdit donc toute cohabitation avec une femme. Parce qu’ils n’étaient pas fous : ne pas être marié n’empêche pas les coucheries. Et malheureusement, cette fois encore, cette loi a été appliquée de façon très relative.
Mais à force de faire des gamins, des clercs mettaient alors le patrimoine de l’Église en danger. En effet, quid des héritages ? Et qu’en est-il des besoins de subvenir à toute une famille ? Et puis un prêtre qui a une famille à nourrir n’a pas forcément le même rapport à l’argent que celui qui a fait la promesse de donner sa vie entière à l’Église. Cela a eu d’ailleurs pour dérive que des prêtres mariés ont profité de la situation pour s’enrichir et enrichir leurs descendants.
Bref, au XIème siècle, Grégoire VII a décidé que les conneries, ça allait bien quelques siècles, mais désormais c’était ter-mi-né. Ainsi, lors du second Concile de Latran, en 1139, l’obligation du célibat sacerdotal est réaffirmée, mais également imposée avec cette fois, une mise en application réelle et concrète. Et c’est très bien : ceux qui tenaient tant à leur famille, et ceux qui étaient d’abord prêtres pour remplir leurs poches, ils ne sont pas restés prêtres catholiques bien longtemps. La prêtrise a alors pu quelque peu redevenir quelque chose qui découle de la vocation, même si à l’époque il y existait bien d’autres raisons de devenir prêtre (assurance d’avoir un travail, aspiration à une position sociale, qu’un de ses enfants dispose d’une bonne éducation, tradition de consacrer un de ses enfants à l’Église, etc.).
Une vocation sacerdotale
Ça ne parlera peut-être pas aux non-croyants, mais on ne devient pas prêtre comme on devient designer graphique ou forgeron. Les trois peuvent être une vocation, mais un seul est d’abord un appel de Dieu et non pas seulement un métier. Et quand je dis appel, je ne parle pas juste d’un élan du cœur coucou-les-papillons. Non, c’est bien plus fort que cela ! Parfois au terme d’un long temps de réflexion, ça vous tombe dessus comme une évidence. C’est comme si le Ciel criait à vos oreilles « We want you », façon Oncle Sam, les couleurs du drapeau US en moins, l’Amour divin en plus.
C’est ce qui fait toute la valeur du prêtre : c’est une vocation. Quant au fait qu’il y ait moins de prêtres à cause de cette contrainte, c’est un autre problème : il vaut mieux avoir peu de prêtres, mais qu’ils soient de qualité, que de laisser entrer un peu n’importe qui (comme certains séminaires ont pu le faire il y a quelques décennies).
Et il est heureux que ce soit une vocation, pour laquelle un homme donne sa vie à l’Église. Avez-vous déjà vu l’agenda d’un prêtre ? Pour en côtoyer quelques-uns, ça m’a toujours impressionné. Ce sont des bourreaux de travail ! Car le boulot du prêtre ne s’arrête pas à préparer et célébrer la messe le Dimanche :
- Célébrer les messes de semaine
- Animer et participer aux différents projets qui sont liés directement ou indirectement à la paroisse et à la vie locale
- Intervenir auprès des personnes en détresse (sans-abris, migrants, etc.)
- Apporter assistance aux paroissiens qui en ont besoin (derniers sacrements, sacrement de réconciliation, écoute bienveillante), parfois jusqu’à tard dans la nuit
- Accompagner les futurs mariés et les préparer au sacrement du mariage et à la vie maritale
- Animer les soirées de préparation au baptême, à la communion, à la confirmation, pour des enfants comme pour des adultes
- Garder un œil les différents événements (propres à la paroisse ou liés au calendrier chrétien en général)
- Gérer les caractères, parce que Mme Mireille et Mme Georgette, qui font partie de deux équipes liturgiques différentes, ne peuvent pas se piffrer et ne sont pas d’accord sur la mélodie du Gloria pour la veillée de Noël
- S’occuper des finances et de l’administration de la paroisse
- Gérer la communication
- Se rendre en aumônerie pour être là pour ceux qui ont besoin d’écoute, croyants ou non (hôpitaux, prisons, etc.)
- Participer aux réunions du diocèse, et éventuellement travailler sur les différents chantiers confiés par l’Évêque du lieu
- Etc.
Il y a d’ailleurs un vrai problème de surmenage des prêtres et la plupart les paroisses devraient avoir un Directeur Administratif et Financier, ou quelque chose s’en approchant. Il devient urgent de décharger nos prêtres, en reportant plusieurs de tâches sur des laïcs salariés (parce que le bénévolat, ça a ses limites) et sur des diacres.
L’impossibilité d’une vie de famille
Avec un emploi du temps pareil, à quel moment un prêtre dispose-t-il de temps pour une vie de famille ? Et surtout, quand on voit le salaire, ça fait un peu light pour que tout ce petit monde puisse vivre confortablement. Et c’est assez logique, puisque Dieu nous appelle à un certain dépouillement. Si on peut faire le choix du dépouillement pour soi-même, l’imposer à ses enfants et à sa femme tiendrait plus de la dérive sectaire. Et j’imagine assez mal le Vatican augmenter les salaires uniquement pour satisfaire un désir qui rendra alors indéniablement un prêtre marié moins impliqué dans sa mission.
Quant à la comparaison avec ce qui existe chez les autres, un prêtre catholique n’est ni un pasteur ou prêtre protestant, ni un prêtre orthodoxe. Je ne critique nullement ceux-ci, j’expose simplement le fait que ce sont des rôles différents avec des missions qui leur sont propres. Et quand les rôles se ressemblent, ils sont assistés différemment. Le célibat des prêtres catholiques est devenu un élément fondateur du fonctionnement de l’Église catholique, c’est une véritable pierre d’angle qui participe à maintenir l’édifice.
Six ans pour réfléchir
Cinq à six ans, c’est le temps qui s’écoule entre l’entrée en première année de séminaire, et l’ordination à la prêtrise. Au cours de ces six années, les futurs prêtres reçoivent une solide formation spirituelle, intellectuelle et humaine : philosophie, histoire de la Bible, théologie fondamentale, théologie pastorale, théologie morale, connaissance de la Bible, etc. Le tout agrémenté de « stages pratiques », au cours desquels ils interviennent en paroisse.
Les candidats au sacerdoce désirant une formation plus poussée, ils sont loin d’être rares, peuvent aussi faire le choix de démarrer un cursus universitaire en théologie, leur donnant alors une licence en théologie reconnue par le Vatican (aussi appelée baccalauréat canonique de théologie).
À la suite de l’une ou l’autre de ces formations, le candidat est ordonné diacre et effectue un stage diaconal auprès d’une paroisse ou d’un service diocésain. Ce n’est qu’après ce stage qu’il est ordonné prêtre.
Bref, en six ans, on a le temps d’avoir suffisamment d’éléments de réflexion pour prendre une décision de ce type. Ce n’est donc pas quelque chose qui est vécu avec légèreté. On dit souvent que « l’amour dure trois ans » dans un couple. Dans les faits, cela est lié à la chimie du cerveau (qui remplace les hormones « c’est nouveau, tout beau, tout rose » par les hormones « j’ai besoin d’un monospace »), qui change au bout d’environ trois ans de vie de couple. Si l’on s’amusait à alors bêtement transposer cette règle à la formation sacerdotale, on peut donc être certains que le choix d’aller jusqu’à l’ordination relève d’une décision mûrement réfléchie et mesurée. Et cette durée est salvatrice, puisque certains comprennent aussi qu’ils ne sont finalement pas prêts à ça.
Enfin, pour ceux qui aspirent à une vie de famille, il y a toujours la possibilité d’aspirer au diaconat permanent et de ne pas aller vers la prêtrise. Un diacre est également un homme ordonné, comme je l’ai écrit plus haut. Les diacres ont des prérogatives différentes des prêtres, et assistent souvent ceux-ci, quand ils n’ont pas des missions qui leur sont données par l’Évêque du lieu. Le diacre ne peut pas avoir de cure et donc, ne peut pas être curé d’une paroisse (pour les néophytes, sachez qu’un curé est un prêtre, mais qu’un prêtre n’est pas forcément un curé). De plus, il ne peut pas donner tous les sacrements, mais uniquement ceux du mariage et du baptême. Là où ça devient intéressant, c’est qu’il n’est pas nécessaire de suivre un parcours de formation à la prêtrise pour devenir diacre. Ainsi, certains hommes sont-ils appelés à être des diacres permanents. Et ils peuvent recevoir cet appel tandis qu’ils sont… mariés ! Le diacre permanent peut donc avoir une vie de famille, des enfants, un job, etc. C’est là une alternative qui répond à la vocation de père et à l’appel de Dieu.
La pédophilie, d’abord un problème de société
« Mais un prêtre, il a des besoins physiologiques. Ne pas y répondre n’aide pas, et il risque de devenir un pédophile ». C’est en substance ce qu’on veut nous faire croire. C’était d’ailleurs l’outil de propagande de Goebbels, du régime nazi, pour décrédibiliser l’Église qui s’opposait au régime. Très sincèrement, je me demande bien d’où cette idée reçue peut venir.
Tout à fait entre nous, quand quelqu’un a le service trois-pièces plein à exploser, il n’a nul besoin d’aller jouer au docteur avec des enfants pour se soulager. Entre les prêtres qui se rabattent sur leur aide ménagère ou la secrétaire de la paroisse, ceux qui font appel à des escorts, ceux qui reçoivent des avances (parce que « l’uniforme », ça fait fantasmer, et qu’il n’y a pas moins de beaux gosses chez les prêtres qu’ailleurs), et ceux qui ont tout simplement une relation amoureuse cachée (et parfois des enfants), les occasions ne manquent pas.
Bien heureusement, en grande majorité les prêtres tiennent la promesse qu’ils ont faite. Comme vous et moi, ce sont des êtres humains, avec leurs forces, leurs faiblesses. Mais s’ils avaient une envie débordante de faillir, il y a des moyens bien plus simples et bien moins risqués pour y parvenir.
Le vrai problème est ailleurs : il ne s’agit pas de prêtres pédophiles, mais de pédophiles prêtres. Rappelons que pour un pédophile, c’est l’orientation vers des enfants qui est la norme, et non l’inverse.
Les études en la matière estiment qu’environ 1% de la population à une attirance pédophilique. Certaines études vont jusqu’à annoncer les chiffres de 3% à 5%. 1% ramené à l’échelle de la France, ça représente déjà 669 900 personnes (et heureusement, la majorité des pédophiles ne passent jamais à l’acte).
À titre de comparaison, en 2014 le pape François a affirmé que d’après des données fiables, 2% des membres de l’Église catholique seraient pédophiles. Bref, c’est bien un problème de société, puisqu’il n’y en a pas davantage qu’ailleurs. Poussons maintenant la comparaison :
- La France compte environ 21 000 prêtres. 2% représenteraient donc 420 prédateurs potentiels.
- La France compte environ 871 000 enseignants. 1% représenterait donc 8 710 prédateurs potentiels.
Ca pique, n’est-ce pas ? Ces chiffres sont une simple statistique au doigt mouillé, puisque nous savons qu’en réalité les pédophiles se tournent souvent vers des professions leur permettant de se rapprocher de leurs victimes. Bref, le problème est bien sociétal, et non ecclésial. Je terminerai ce point de la réflexion en citant ces quelques passages de l’excellent article du blog Benoît et moi : « Prêtres pédophiles, ou pédophiles prêtres ? »
La vérité n’est pas qu’un prêtre pédophile est un prêtre qui est devenu un pédophile, mais un pédophile qui est devenu prêtre. Il est alors évident que la question-clé n’est pas la discipline du célibat, mais la sélection à l’entrée.
Il est donc évident que l’abolition du célibat ecclésiastique serait parfaitement inutile pour le but qui est en cause ici : il serait même contre-productif, parce que les pédophiles infiltrés dans les rangs du clergé n’auraient rien d’autre à faire que de trouver une femme, renforçant ainsi leur alibi social, et puis ils continueraient à poursuivre les enfants avec plus de tranquillité que jamais.
Mais le problème ne se résoudra pas en donnant une femme au prêtre […], mais […] par des tests plus rigoureux et plus sélectifs des vocations. Si cela conduit dans l’immédiat à une nouvelle chute du nombre de prêtres, tant pis, l’important est que ce seront des prêtres de meilleure qualité.
CQFD.
Pour ceux qui veulent poursuivre cette réflexion, sans jamais chercher d’excuse l’article su cité émet des hypothèses très intéressantes quant à la présence de ce problème au sein de l’Église.
Pas une question d’idéologie
Comme vous pouvez désormais le constater, le problème est infiniment plus complexe qu’il n’y paraît. Une idéologie, c’est un ensemble de croyances, parfois arbitraires, relatives à une époque. Or, dans le cas présent, vous pouvez constater que le célibat sacerdotal des prêtres est autant d’actualité qu’il y a plusieurs siècles. Alors quand je lis que l’opposition des visions sur le sujet est un différent idéologique, c’est malhonnête intellectuellement. Il s’agit là d’un choix autant spirituel, stratégique, théologique, réfléchi que raisonnable. Mais plus encore, il s’agit de rappeler le magistère de l’Église catholique, nullement d’entrer en opposition avec celui-ci.
Bien loin de la vision dite « intégriste » (faisant fi ce que ce terme veut réellement dire), le problème est que l’image du prêtre nous renvoie d’abord à notre propre image : celle d’une société où les gens ont perdu le sens de l’engagement et des valeurs, une société consumériste et hédoniste, une société où la liberté s’exprime dans la possibilité de dire oui à tout (en oubliant qu’elle s’exprime d’abord dans la capacité à dire non). L’image du prêtre est en rupture avec le monde, elle fait tache dans le décor. Je suppose alors qu’on la pointe alors du doigt parce qu’elle nous gêne et qu’on (la société) se juge à travers elle.
No means no
Le pape Benoît XVI et le Cardinal Sarah sont donc totalement dans leur rôle, en rappelant à certains les évidences sur lesquelles s’est bâti le célibat sacerdotal au fil de deux mille ans d’histoire. Nous l’avons vu, ce n’est ni une question d’idéologie, ni arbitraire, ni désuet, ni irréfléchi. Revenir sur ce point, c’est revenir sur tout un pan de l’Église catholique, dont les conséquences ébranleraient le fonctionnement de l’Église catholique, provoqueraient indéniablement un schisme au sein de celle-ci, ou agrandiraient ceux qui existent déjà.
S’il y a une chose qui m’énerve au plus haut point, c’est cette attitude naïvement condescendante que peuvent avoir des non-croyants à l’égard de l’Église : lui dire ce qu’elle doit faire, sans chercher à comprendre la raison d’être de nos pratiques. Je connais très bien cette attitude, pour l’avoir moi-même eue du temps où j’étais anticlérical, bien avant ma conversion. Or, avant d’avoir un avis sur le sujet, il est important d’avoir fait le tour de la question (et plus qu’un simple article, ça méritait bien un livre). On remarquera que les plus enclins à vouloir dire à l’Église ce qu’elle a à faire sont également ceux qui souhaitent que celle-ci s’occupent uniquement de ses affaires. Un peu de cohérence ne serait pas du luxe ; on ne peut pas avoir à la fois une bénédiction, l’argent de la quête, et la tête des curés.