Aujourd’hui se tiennent les élections régionales. Avec une forte propagande anti-abstentionnisme, chacun y va de son petit mot pour protéger la démocratie. Sauf qu’en l’état actuel des choses, force est de constater que nous avons fait échouer celle-ci.
J’étais resté silencieux jusque là, mais l’approche des résultats des élections régionales me pousse à prendre le clavier. Cette dernière semaine, chaque politicien y a été de son petit commentaire contre le FN, visant plus particulièrement les abstentionnistes, toujours plus nombreux. Pourtant, le fait que des gens ne votent pas est un véritable signal d’alarme. Un signal que certains élus rejettent en le pointant d’un doigt accusateur qu’ils devraient plutôt pointer sur eux-mêmes. Car ne pas voter, c’est désavouer ceux qui se présentent, c’est désapprouver les propositions qui sont faites, c’est montrer que l’on a plus confiance dans le système actuel.
Qu’est-ce que la démocratie ?
Avant de sortir de belles phrases nous parlant de la défense de la démocratie, ou des punchlines comme « Cette élection, c’est la plus noble des réponses que la démocratie peut faire à la barbarie » (lolilol), il serait de bon ton de rappeler de quoi on parle. Et puisqu’une image vaut mille mots…
Je ne suis pas favorable à la désignation des représentant par un simple tirage au sort. Mais cette infographie a au moins le mérite de remettre les points sur les i. Ce que nous faisons alors aujourd’hui, c’est de la novlangue. Et si par démocratie, nous sous-entendons la liberté de s’exprimer et d’élire des gens qui nous représentent vraiment, alors celle-ci a clairement perdu une bataille.
100 (vraies) raisons de ne pas voter
Il existe de nombreuses raisons de ne pas voter. On aimerait croire que qu’il s’agit de flemme ou d’irresponsabilité. Ca serait facile, après tout, de dire que c’est de la faute des autres, mais c’est bien plus complexe que ça. En réalité, ne pas voter est aussi un acte citoyen quand il est fait sciemment. Attention ! Je ne suis pas partisan d’un abstentionnisme systématique comme certains. Je dis simplement que face à l’absence de propositions convenables, l’abstention à la même valeur que le vote blanc. Plutôt que de vous refaire un énième listing des bonnes raisons de ne pas voter, je vous invite plutôt à lire cet article ô combien intéressant et signé Thierry Crouzet.
Quid du vote obligatoire ?
L’idée du vote obligatoire fait de plus en plus parler d’elle. Et pourtant, le seul fait d’exprimer cette idée est anti-démocratique. Car si voter est un droit, c’est aussi un moyen d’expression au même titre que de refuser le vote, de refuser de valider un système qu’on est en droit (à tort ou à raison, à chacun son avis) de considérer en bout de course. Si les gens ne votent pas, c’est qu’il y a un problème et il ne vient pas forcément d’eux. Rendre le vote obligatoire ne changera que si l’on prend réellement en compte le vote blanc. A défaut de tenir compte de ce dernier, on favorisera surtout la désapprobation des gens qui étaient abstentionnistes et leur envie de voter pour les extrêmes. Et oui ! Car ce sera la seule façon pour certains de donner du sens à cette obligation et d’exprimer leur désapprobation de la politique actuelle.
Le vote blanc, parlons-en
Quand je parle de vote blanc, j’entends par là que celui-ci doit compter et peu faire déboucher une élection sur un statu quo. Alors oui, ça n’est pas une solution de facilité, car ça signifie qu’il va falloir bosser un peu plus son programme pour être convaincant. Et également joindre les actes aux paroles. Mais rendez-vous compte qu’aujourd’hui, nous élisons des personnes sur la base de leurs discours ou d’être contre quelqu’un. Et quand on voit les chiffres suivant, ça a de quoi laisser songeur.
En revanche, si le vote blanc avait une réelle influence, là nous n’aurions pas vraiment d’excuse pour ne pas nous rendre au bureau de vote. Beaucoup de gens feraient le déplacement si leur avis avait vraiment du poids, en témoigne une pétition qui tourne au moment où j’écris cet article.
L’échec de la démocratie
Ne pas s’engager soit-même dans la vie citoyenne mais laisser ça à d’autres, ne pas reconnaitre d’où vient l’erreur et la reporter sur autrui, ces choses signent l’échec de notre prétendue démocratie. Le simple fait que nous soyons de plus en plus appelés à voter « contre le FN » plutôt que « pour notre candidat » témoigne de l’échec des élus. Si le FN passe, beaucoup de choses changeront. Mais s’il perd, ça ne changera pas le fait que nous avons quand même, collectivement parlant, fait échouer la démocratie.