En voilà, une question saugrenue. Certains diront que l’auteur du texte est totalement allumé, quand d’autres penseront probablement que la question ne se pose pas. Et pourtant, voilà un moment que ça me tanne et autant vous le dire : la réponse n’est pas simple.
Je me pose cette question depuis un certain temps déjà : si demain l’existence des extra-terrestres est confirmée, qu’en serait-il de Dieu pour eux ? Car après tout, leur existence laisserait supposer qu’ils sont eux aussi des créatures voulues par Dieu, bien que cela serait sans doute sujet à débat. Mais le plan de salut que Dieu a élaboré pour l’homme leur serait-il également destiné ? Et si oui, l’ont-ils déjà reçu ? Si ce n’est pas le cas, comment – en toute logique – se pourrait-il que Dieu ait choisi l’homme comme intermédiaire ? Et plus simplement, leur existence remettrait-elle en question notre foi ?
Autant de questions, et plus encore, qui nécessitent d’êtres réfléchies, et ce pour deux raisons : d’une part, que les extra-terrestres existent ou non, réfléchir à ces questions interroge notre place dans l’univers avec un regard chrétien différent. D’autre part, si l’existence des extra-terrestres (que nous abrégerons désormais E.T.) est avérée, la question se posera réellement et mérite alors qu’on s’y penche avant que cela n’arrive. Suite à la récente et discrète publication d’un article du New York Time affirmant l’existence des E.T. , la question est revenue à mon bon souvenir. J’ai alors décidé de vous proposer un bref essai de vulgarisation d’exo-théologie sur la question.
L’existence supposée des E.T. , de la Bible à aujourd’hui
Pourquoi écrire un tel article sur la base d’une supposition qui, pour la plupart des gens, semblera tenir de tout ce qu’il y a de plus hypothétique, voir de fantasmagorique ? Et bien tout simplement parce que la question est loin d’être tranchée et qu’à ce jour, il y a suffisamment d’indicateurs pour se poser très rationnellement la question de la venue des E.T. sur Terre. S’il y a beaucoup de canulars en la matière, il y a aussi de nombreux témoignages qui sont pris très au sérieux par les autorités et divers centres de recherche. Et si l’idée était si ubuesque, alors le Département américain de la défense n’aurait pas dépensé 110 millions de dollars en cinq ans à ce sujet. Mais cet article n’est pas le lieu pour débattre du sérieux de la théorie, puisque nous allons justement nous concentrer sur quelques pistes concrètes, appuyant l’hypothèse de l’existence des E.T.
Des prémices potentielles dans la Bible
Bien que d’aucuns considèrent la Bible comme un étrange livre de conte, il faut garder à l’esprit que le peuple Hébreu a souhaité raconter quelque chose de son Histoire au travers de l’Ancien Testament. Les recherches en critique textuelle nous permettent aujourd’hui de discerner ce qui tient de l’influence extérieure, tout comme de déterminer si un texte a été écrit par plusieurs auteurs. Dans certains cas, il a même été possible de déterminer (bien que cela reste des suppositions) qui étaient ces auteurs. L’Ancien Testament (première partie de la Bible) n’est donc pas qu’un recueil de paraboles, mais révèle quelque chose de l’Histoire du peuple Hébreu et donc, par extension, de celle de l’humanité. Elle dispose ainsi de plusieurs niveaux de lecture et certains passages nous laissent suffisamment perplexes pour considérer que leur origine est tangible et s’est perdue au fil du temps. Parmi ces passages, je voudrais alors attirer votre attention sur celui-ci :
« Les fils de Dieu virent que les filles d’homme étaient belles et ils prirent pour femmes celles de leur choix. » (Genèse 6,2)
Tandis que l’Église admet l’existence des anges (CEC, §328), elle ne nie pas l’existence des E.T. À ce sujet, elle n’a d’ailleurs jamais affirmé ni infirmé qui pouvait bien être désigné par le terme « les fils de Dieu ». De plus, comme l’explique le Père Guy Consolmagno, prêtre jésuite, astronome et directeur de l’Observatoire du Vatican, rien n’est impossible à Dieu. Ce qui ne signifie pas nécessairement que les E.T. soient pacifiques, mais nous y reviendrons.
Le phénomène de Nuremberg
Au fil de l’Histoire humaine, les témoignages de phénomènes inexpliqués impliquant potentiellement les E.T. ne manquent pas. Parmi ceux-ci, citons le phénomène céleste de Nuremberg. Celui-ci a eu lieu en 1561. Et bien loin des aurores boréales qui sont assez rares sous nos latitudes, c’est une véritable bataille spatiale digne de Star Wars que les témoignages ont finalement rapporté. Voici celui du peintre en lettre Hans Glaser, auteur de l’illustration plus bas :
« D’abord sont apparus avec le soleil deux arcs rouge sang comme la lune dans son dernier quartier, en haut et en bas scintillant comme le soleil, et des couleurs de sang de chaque côté. Tout autour du soleil on voyait de nombreuses sphères, de couleur bleuâtre ou ferreuse ou noire. D’autres couleur de sang étaient formées en cercle de chaque côté du soleil. D’autres encore sont apparues par rangs de trois, d’autres par rangs de quatre. Entre ces dernières on voyait des croix rouge sang. Et entre toutes ces sphères et croix des trainées rouge sang à l’arrière plan. À cette vision se mêlaient des cylindres souples et creux. Il y avait aussi trois grands cylindres, un à gauche, un à droite et un troisième au-dessus du tout. Et dans ces cylindres étaient quatre sphères ou plus. Tous ceux-là on commencé à se battre entre eux : on rapporte que les sphères sont d’abord entrées dans le soleil, et en sont ressorties pour s’entrechoquer, les grands cylindres ont commencé à se tirer dessus avec des sphères. Pendant une bonne heure, tout cela a combattu violemment et lutté jusqu’à épuisement des forces en s’élevant et s’abaissant devant le soleil. Enfin, comme il a été rapporté, tous les objets ont chuté vers la terre, comme s’ils voulaient tout incendier et sont finalement tombés sur le sol dans un grand élèvement de vapeur et se sont dissous. Après ce spectacle, on raconte qu’est apparue dans le ciel une chose semblable à un grand et large fer de lance noir, son emmanchement orienté à l’est et sa pointe à l’ouest. Mais ce que tous ces signes signifient, Dieu seul le sait. »
Georges Lucas, avoue tout, on sait désormais d’où tu as tiré ton inspiration.
L’apparition de Haravilliers
C’est l’un des phénomènes les plus marquants du territoire français : en 1998, un immense disque lumineux a fait son apparition au-dessus d’un terrain du village de Haravilliers, dans le Val-d’Oise. Un disque géant émettant de multiples lumières et lévitant à une dizaine de mètres du sol. Tous ceux qui s’en sont approchés ont perdu connaissance, et se sont réveillés en sécurité sur un parking, un kilomètre plus loin. On pourrait imaginé une hallucination collective, ou bien que les personnes se sont concertées pour raconter un bobard. Mais ça serait oublier que ce type de phénomène est scruté de près par les autorités et que les témoins, surtout dans des cas aussi importants, sont passés à la moulinette afin de s’assurer de la véracité de leurs témoignages.
C’est le New York Time qui le dit
Plus récemment, le New York Time a publié une enquête révélant que le Pentagone n’a jamais mis fin à son programme de recherche au sujet des E.T. Plus encore, l’article cite une source interne qui affirme avoir vu des matériaux extra-terrestres. Ni plus ni moins. Sans accorder pour autant au New York Time parole d’Évangile (ah ah), on est quand même loin des médias complotistes nous sortant des informations de nulle part. Parmi les scientifiques dont il est question dans l’article, l’un d’eux – Eric W. Davis – donne aujourd’hui des conférences sur… « les véhicules extra-terrestres, non fabriqués sur cette Terre ». Chacun en tirera ses conclusions.
Et ça continue, encore et encore
Chaque année, plusieurs témoignages continuent d’être recueillis par diverses associations d’ufologies et personnalités scientifiques. Et on ne parle pas de l’observation de simple crop circles, parmi lesquels on admet aujourd’hui que certains (comme celui de Milestone, au Canada, 1992) sont tout simplement inexplicables. Sur le sol français, il y a donc le GEPA, mais aussi des personnalités scientifiques comme Jean-Pierre Petit et Jean-Claude Ribes, qui ont été directeurs de recherche au CNRS (excusez du peu). Côté USA, nous pouvons aussi nous tourner vers Edgar Mitchell, docteur de renom en aéronautique et astronautique au MIT et ancien astronaute sur Apollo 14. Ses propos sur le sujet sont sans ambiguïté. Alors si officiellement nous n’avons pas encore serré la main ou la tentacule d’un E.T. , et bien qu’on pourrait débattre du paradoxe de Fermi jusqu’au bout de la nuit, la probabilité de leur existence me semble être suffisamment importante pour considérer sérieusement leur existence.
Primo, quid de notre foi ?
Maintenant que nous avons considéré la possibilité d’une vie E.T. , je commencerai par aborder la question la plus simple : est-ce que l’existence des E.T. remet en question notre foi ? Certains athées se plairaient à penser que l’existence des E.T. serait alors la preuve que Dieu n’existe pas. Or, jamais Dieu n’a affirmé où que ce soit qu’Il n’avait créé que l’Homme. S’Il nous a offert tout Son amour, il n’y a aucune contre-indication à l’idée qu’Il veuille qu’une partie de cet amour, et le salut qui va avec, s’adresse aussi à d’autres espèces intelligentes et libres. Bien au contraire, l’existence des E.T. ne ferait que souligner davantage « la capacité créatrice de Dieu », comme le dit le Père Guy Consolmagno. En revanche, les implications que cela aurait transformeraient très certainement certaines pratiques de l’Église, ce qui impacterait possiblement la façon dont nous vivons notre foi.
Les E.T. , création de Dieu ou du diable ?
Une création diabolique
Si la question trouve vite réponse pour les théologiens, il en est autrement des croyants et du grand public qui peuvent légitimement se la poser. En effet, qu’est-ce qui nous dit que ces êtres venus d’ailleurs ne seraient pas une création du malin, pour nous détourner de notre foi ? Le terme diable vient du latin diabolus, lui-même tiré du grec διάβολος (diábolos) qui découle du verbe diabállô. Cela signifie, celui qui divise.
Pour rappel, le diable est un ange déchu, qui portait autrefois le nom de Lucifer (« celui qui tient la lumière »). Ce que nous savons de lui, si on s’en tient à la Bible chrétienne, est assez limité en fait. Isaïe nous en parle en Isaïe 14,12-19, décrivant alors la chute de cet ange rebelle placé plus bas que l’Homme pour s’être voulu l’égal de Dieu. Mais bien que banni du Royaume de Dieu, le diable n’en demeure pas moins actif et n’est pas encore celui qui se fait fouler du pied, comme dans la prophétie d’Isaïe. Il faudra pour cela attendre la fin des temps, événement que nous appelons aussi la Parousie et au cours duquel le Christ reviendra sur Terre pour y instaurer le Royaume de Dieu (Matthieu 26,64).
Toujours est-il qu’en attendant, c’est inscrit dans son nom : le cornu est là pour nous péter les noyaux. Cet être créé par Dieu aurait – d’après certains textes hébraïques et apocryphes – refusé que Dieu accorde Son amour à l’espèce inférieure que nous sommes. La venue des E.T. pourrait être alors le signe que le diable ne se suffit plus du trafic d’influence qu’il opère sur nos esprits. Et rempli d’orgueil qu’il est, puisque Dieu a créé la vie, lui aussi pourrait en avoir fait de même pour essayer de contrer le plan divin et venir s’occuper de notre cas.
Des créatures voulues par Dieu
Toutefois, le diable ne peut créer quoi que ce soit. En effet, la capacité à créer appartient à Dieu. La création n’est pas un événement qui a ensuite échappé à Dieu, mais une action continue. Dieu maintient et porte la création (CEC, §301), c’est un acte perpétuel. Ce dernier pose d’ailleurs de nombreuses questions au chaland, car cela signifie que l’existence de Lucifer / Satan / le diable est maintenue par Dieu. Or, Dieu ne permet la poursuite de son existence que pour honorer la promesse de libre arbitre qu’Il nous a fait, car comme on peut le lire dans l’Ancien Testament :
« Dieu n’est point un homme pour mentir, ni fils d’un homme pour se repentir. Ce qu’il a dit, ne le fera-t-il pas ? Ce qu’il a déclaré, ne l’exécutera-t il pas ? » (Nombre 23,19)
Tout ceci rend alors la réalisation de son plan parfait « en état de cheminement » (CEC, §302). Ceci étant dit, le diable étant une créature spirituelle, à l’instar des anges, son action sur le monde physique reste donc toutefois limitée (contrairement aux anges, si on se fie à Saint Thomas d’Aquin, dans La Somme Théologique). D’ailleurs cela signifie quoi, être une créature spirituelle ? Et bien qu’elle a tout simplement été conçue sans avoir besoin d’un corps matériel, charnel. L’être humain, quant à lui, est une créature spirituelle et matérielle (CEC, §360).
On peut, par ailleurs, considérer que si le diable est à l’œuvre dans sa tâche de diviser l’humanité, pour le moment il s’en sort plutôt pas mal. De plus, notre espèce a démontré une certaine capacité à se mettre sur la tronche sans qu’il n’y ait de nécessité qu’on nous envoie une aide matérielle pour parfaire le travail.
Partant de ces postulats, nous pouvons donc considérer la théorie selon laquelle si c’est les E.T. existent, alors c’est que Dieu l’a souhaité. Après tout, si l’on s’en tient à ce que dit Jésus lui-même en Jean 14,6, Dieu est la Vie. Ce qui n’est pas le cas du diable.
Comment ? On me dit dans l’oreillette que je n’ai pas évoqué l’idée que les E.T. puissent être des démons. Tout d’abord, il faut arrêter de se repasser les vieux épisodes de Buffy et Charmed. Ca a mal vieilli. Les démons sont des anges déchus, donc des créatures spirituelles. Il est dit d’ailleurs, en Apocalypse 12,4, que ces anges rebelles représenteraient un tiers des anges de Dieu. Et si les anges qui sont restés près de Dieu bénéficient toujours de sa grâce pour intervenir physiquement auprès de nous (voir l’excellente conférence du Père Jean-Baptiste Golfier à ce sujet), il en est autrement en ce qui concerne les démons. Au mieux, ces derniers continuent leur trafic d’influence auprès des esprits des Hommes.
Créés par Dieu, mais pas forcément pacifiques
Ceci étant dit, cela ne nous dit rien sur les intentions et les motivations que pourraient avoir les E.T. à notre égard. S’ils sont des êtres créés par Dieu, pour les raisons qui regardent uniquement Celui-ci, nous pouvons envisager plusieurs possibilités, assez simples à comprendre et qu’il ne sera pas nécessaire de détailler outre mesure :
- Dans le meilleur des cas, les E.T. seraient des êtres pacifiques. Il faudrait en effet qu’ils aient eu à affronter leurs propres problèmes pour parvenir à un niveau de développement les rendant capables de voyager au travers des étoiles. Mais cette théorie souffre d’une vision très humaine de la forme que peuvent prendre les E.T. Pour le comprendre, il faut voir l’excellent film Premier Contact, qui propose une approche novatrice du sujet et nous permet de comprendre que la forme des E.T. peut tout à fait dépasser notre entendement. Bref, la gentille créature de Roswell n’est pas forcément une évidence.
- Une autre possibilité, c’est que les E.T. sont tels des animaux ne disposant pas de libre arbitre. Nous y reviendrons d’ailleurs un peu plus loin. En somme, il s’agit d’une espèce qui a évolué, mais qui reste mue par ses instincts de survie et de développement. Chez l’Homme, cela se traduit par boire, manger, dormir et respirer. Bref, on serait plutôt dans le mauvais trip de « La Guerre des Mondes », de H.G. Wells, ou dans celui de l’excellent film dystopique Oblivion.
- Enfin, peu importe qui sont les E.T. , il n’est pas non plus à exclure que ces êtres, bien que créés par Dieu, soient sous l’influence du malin eux aussi. Avec ce que ça implique de dommages collatéraux pour l’humanité.
Ce ne sont là que trois cas de figure que j’estime être parmi les plus probables, mais il y en a beaucoup d’autres. Les possibilités sont multiples. Si ça se trouve, nous aurons affaire à des blobs géants qui n’ont tout simplement pas conscience de notre existence et nous rouleront sur la tronche, aussi naturellement qu’un lapin mange une carotte. Ou peut-être aurons-nous à faire à des pieuvres bipèdes qui adorent les câlins, autant qu’Olaf dans la Reine des Neiges. Cela en fera sûrement sourire plus d’un, pourtant si je cite avec humour le blob et la pieuvre, c’est justement parce que l’origine extra-terrestre d’une partie de l’ADN de ces deux êtres vivants est très sérieusement discutée dans certains milieux scientifiques.
Les E.T. disposeraient-ils d’une âme ?
Une question impossible
Continuons notre tirage de plan sur la comète avec cette nouvelle question, essentielle pour pouvoir répondre à celle d’après. Clairement, en l’absence d’E.T., aucun moyen de le savoir, ni même de débattre du sujet. En effet, la « vie » sur d’autres mondes pourrait bien revêtir des formes totalement insoupçonnées et dépassant notre conception du vivant. Nous pourrions ainsi imaginer une forme de vie capable de voyager à travers les étoiles, sans pour autant lui attribuer une biologie, une intelligence et une conscience dans le sens où nous, humanité, nous l’entendons. Alors plutôt que de développer ici le pour et le contre, je vais plutôt explorer quelques possibilités.
Des créatures vivantes, donc animées par un souffle d’âme
Tout être vivant, dans notre conception humaine de la vie, dispose d’une âme, d’un esprit. Il faut savoir que le mot esprit nous vient du latin spiritus, qui signifie le souffle. Dans le grec ancien, on utilisait le mot πνεῦμα (pneuma, à savoir souffle) pour parler de l’esprit. Ainsi la pneumatologie n’est non pas l’étude du gonflage des pneus, mais l’étude du Saint-Esprit et de ses œuvres. On pourra rire en se disant que la pneumatique suppose alors qu’au départ, on y allait avec la bouche pour gonfler les pneus (ou pas). Blague mis à part, revenons à nos moutons.
Le mot âme, quant à lui, trouve son origine dans le latin, avec un terme au sens proche du mot spiritus, le mot anima. Ce mot fait allusion au souffle qui anime le corps. Vous remarquerez alors certainement ici la racine des mots animés et animal. Ainsi, chez les Grecs, ce qui est animé ou animal était nécessairement quelque chose de vivant et disposant d’une âme, d’un souffle de vie. Un être vivant, qu’il ait en réalité besoin d’air ou non, disposerait donc de facto d’une âme. A priori, les E.T. n’y feraient pas exception, et c’est même le responsable Guy Consolmagno, encore lui, qui le dit.
Des créatures dépassant notre conception de la vie
Mais comme je l’ai déjà évoqué, la vie peut prendre de nombreuses formes, dépassant totalement notre conception du vivant. Par exemple, nous savons aujourd’hui que les minéraux croissent, se reproduisent et meurent. Il y a alors une vraie réflexion autour du concept de vivant. Car les minéraux, comme les animaux, les végétaux et les fongiques, cherchent à économiser de l’énergie, en emmagasiner, et utiliser celle-ci pour se développer. Les cristaux en sont un excellent exemple, et plusieurs expériences ont même permis de voir ces processus en action.
Et si la culture occidentale tend à considérer une pierre comme quelque chose de totalement inerte, il n’en est rien dans beaucoup d’autres cultures. Une telle forme de vie serait-elle dotée d’une forme d’intelligence ? Comme nous l’entendons humainement, c’est assez peu probable. Pour autant, cela ne signifie pas que ces êtres seraient dépourvus d’une âme, sans l’affirmer pour autant. Tout comme leur biologie, leur intelligence pourrait prendre une forme totalement nouvelle pour nous. J’en reviens au blob, par exemple, dont il a été prouvé qu’il était plus intelligent que l’Homme pour optimiser un parcours, au cours d’expériences menées dans une ville à échelle réduite. Nous parlons pourtant d’un être unicellulaire dépourvu de cerveau.
Autre aspect, les conditions de la vie. La plupart des planètes sont pauvres en carbone et riche en silicium. Pourtant, la vie terrestre s’est essentiellement bâtie autour du carbone, qui est présent dans de nombreuses molécules et assure les liaisons chimiques du vivant. À ce jour, aucun scientifique n’a su théoriser une vie basée sur autre chose que le carbone. Sans doute parce que nous n’avons pas d’autre point de référence. Malgré tout, il y a quelques années des chercheurs ont pu observer une bactérie nous faire une démonstration de force, en incorporant du silicium dans une molécule organique. Pour caricaturer et grossir l’idée, cela signifie qu’une rencontre du troisième type avec des aimants vivants ou des blocs de silicone est envisageable. Âme ou pas âme : that is the question.
Avoir une âme, une police d’assurance ?
Dès l’Ancien Testament (Lévétique 17,11.14 ; 12,23) , nous apprenons que les animaux disposent eux aussi d’une âme. Mais malgré différents points évoqués tout au long de cet article, l’hypothèse que les animaux aient accès à la vie éternelle reste discutée au sein de l’Église. L’âme humaine est entendue comme étant à l’image de Dieu, ce qui n’est pas le cas de l’âme des animaux. Ainsi la leur serait-elle rattachée au corps et basée uniquement sur leurs sens physiques. Pour autant, la Genèse nous dit ceci :
« Et de même, de votre sang, qui est votre propre vie, je demanderai compte à toute bête et j’en demanderai compte à l’homme : à chacun je demanderai compte de la vie de son frère. » (Genèse 9,5)
On peut facilement comprendre ici que le Créateur a prévu quelque chose pour les animaux et qu’ils ne sont pas seulement de la bidoche pensante. La présence de chevaux aux Ciel, mentionnée dans le second Livre des Rois, dans la Bible, va dans ce sens.
D’un côté notre pape émérite Benoit XVI a affirmé que ce n’était pas le cas, tandis que le pape Paul VI a dit précisément l’inverse et que le pape François à lui assuré que nous allons vers une plénitude de chaque chose. Bref, malgré le fait que la Bible ne semble pas souffrir d’ambiguïté au sujet de l’existence d’une âme éternelle chez d’autres êtres vivants, le débat interne a toujours cours et me semble être le seul point potentiellement bloquant.
Si les E.T. ont une âme, pourraient-ils prétendre au baptême ?
Bon, nous avons bien avancé et nous allons pouvoir commencer à amorcer un début de réponse à la question que pose l’article. Récapitulons un peu avant de poursuivre :
- Nous sommes donc partis de l’hypothèse que les E.T. existent,
- Leur existence ne remet pas en question notre foi,
- Ils sont même des créatures voulues de Dieu, mais on ne sait pas s’ils seront pacifiques,
- Dans la mesure où les E.T. sont des êtres vivants, ils disposent d’une âme.
Ceci étant posé, revenons sur quelques fondamentaux pour resituer le concept de baptême et de salut. En effet, il est important de bien resituer ces deux notions avant d’aller plus loin.
Qu’est-ce que le baptême ?
Le baptême est ce qu’on appelle un sacrement, c’est-à-dire qu’il s’agit d’un acte posé par Dieu, par l’intermédiaire du prêtre ou du diacre. Cet acte de Dieu a pour objectif de nous faire avancer sur le chemin du salut. L’Église Catholique reconnait sept sacrements, prenant source dans le Nouveau Testament : le baptême, la confirmation, l’eucharistie, la réconciliation, le mariage, l’onction des malades et enfin, l’ordination.
Le baptême est donc le tout premier sacrement qui a pour vocation de nous faire « revêtir le Christ » (Galates 3,27). Le Baptême trouve sa source dans les mots de Jésus Christ lui-même :
« Allez, faites de toutes les nations des disciples, les baptisant au nom du Père, du Fils et du Saint-Esprit, et enseignez-leur à observer tout ce que je vous ai prescrit. Et voici, je suis avec vous tous les jours, jusqu’à la fin du monde. » (Matthieu 28, 19-20)
Par cette action, le Père fait d’un Homme son enfant adoptif et le place ainsi à la suite de Jésus, son fils unique, dans l’objectif de sauver son âme. Au cours de cette action, on permet alors à l’Esprit-Saint de descendre sur le baptisé et d’en inspirer positivement le cœur et l’esprit des Hommes. On retrouve donc le concept de Trinité au cœur même de cet acte, au sein duquel tout Dieu se met en oeuvre pour nous proposer le salut. Il s’agit d’un don du Créateur de l’Univers, que chacun est libre d’accepter ou de refuser.
Le salut de l’âme, kézaco ?
« La Gloire de Dieu, c’est l’Homme vivant, la gloire de l’Homme, c’est de contempler Dieu. » – Saint Irénée de Lyon.
C’est une question sur laquelle des théologiens brûlent de la matière grise depuis des millénaires. Je n’ai donc absolument pas la prétention d’être exhaustif ici, tandis que je vais tâcher au contraire de rester simple. Une question pour vous : à quoi le chrétien s’attend après la mort ? Je pense ne pas me tromper en disant que pour 95 % des répondants, c’est enfer et paradis. Ce qui est en partie faux.
Il faut comprendre une chose, Dieu a créé le monde et permis à l’Homme d’avoir son libre arbitre, afin que l’amour de celui-ci pour Dieu soit authentique, sincère. En choisissant le péché (Genèse 3,1-24), l’Homme a permis au mal de se répandre dans le monde et s’est coupé de Dieu. À partir de ce stade, il y avait un fort risque que tout Homme dispose d’un ticket simple pour l’enfer (qui n’est pas tellement un lieu, mais un état duquel Dieu s’est retiré à cause du péché de l’Homme). L’enfer n’est pas un châtiment de Dieu, dont l’Amour est permanent et infini, mais la conséquence du choix de l’Homme de refuser Dieu. D’ailleurs, l’Église n’a jamais dit que qui que ce soit se trouvait en Enfer, car Dieu seul peut sonder les cœurs et, espérons-le, parvenir à les faire se tourner vers Lui à l’heure de la mort. Mais comme le dit Jésus, il y aura « beaucoup d’appelés, mais peu d’élus » (Matthieu 22,14).
Dieu a donc commencé à construire des Alliances avec l’humanité, afin de ramener celle-ci vers Lui et de lui proposer le salut. On en dénombre quatre après l’exil du Jardin d’Éden (encore que le statut d’alliance pour la quatrième reste sujet à discussion) :
- L’Alliance avec Noé, après le déluge (Genèse 8,21)
- L’Alliance avec Abraham, dans une apparition de Dieu (Genèse 17,1-27)
- L’Alliance avec Israël, après l’Exode des Hébreux depuis l’Égypte (Exode 34, 1-35)
- Le sacrifice de Jésus sur la croix, pour le rachat de l’humanité (La Théologie de l’Alliance dans le Nouveau Testament, Cardinal Joseph RATZINGER)
Au cours de cette alliance ultime, Dieu ne passe pas un accord avec un peuple ou un Homme en particulier, mais offre une porte de sortie pour tout Homme qui se tournera vers lui. Ceci étant dit, on comprendre alors que Dieu n’est pas là pour châtier. Ce n’est pas un Zeus ou un Poséidon, qui récompense ou maudit les Hommes selon leurs actions ou son humeur du jour. Au contraire, et c’était là la grande nouveauté de la proposition du Christianisme : Dieu veut le bonheur de tous les Hommes et veut leur permettre de revenir vers Lui, car l’Homme seul est incapable de retourner vers Dieu. Saint Irénée de Lyon explique d’ailleurs que Dieu avait anticipé le péché de l’Homme, et avait donc déjà ébauché d’avance en Adam ce qu’on nomme en théologie l’économie du salut. Une fois sauvé, l’Homme est libéré du péché et du mal, il est de nouveau en communion complète avec Dieu. Le salut est donc l’état de béatitude ultime de l’âme, qui aime et loue Dieu, participant avec Lui au bonheur éternel. Pour aller plus loin sur ce sujet peu évident à vulgariser, je vous invite à lire ce document.
Des êtres à considérer spirituellement comme les animaux
Dans la Bible, on peut constater du début à la fin que l’Homme est clairement le centre de l’attention de toute Sa Création. Dieu donne d’ailleurs tout pouvoir à l’Homme sur la Terre (Genèse 1,28). Non en tant que dominateur, comme je l’ai déjà expliqué sur ce blog, mais comme gardien, protecteur. Dans la capacité de libre arbitre que Dieu donne à l’Homme, il en fait un être moral, c’est ce qui le distingue des animaux à l’état sauvage. Il est capable d’outrepasser ses instincts naturels pour faire des choix raisonnés. Pour résumer les choses simplement : l’Homme est capable de discerner le bien du mal de façon plus aboutie qu’aucun autre animal. S’il y a bien quelques rares espèces à être capables d’altruisme à l’état sauvage, cela reste sans comparaison avec la capacité de réflexion de l’être humain. Okay, quand on regarde le monde, cette dernière remarque peut faire sourire, mais vous avez compris l’idée.
De plus, le salut de Dieu s’est fait par son incarnation en Jésus Christ, Fils de Dieu. Pas en Gégé le Chimpanzé ni en Hector le Castor. Le salut, vu sous cet angle, concernerait alors uniquement l’humanité, et les extra-terrestres n’auraient nul besoin du baptême. Saint-Paul dit ceci, au sujet du retour de Jésus à venir :
« Aussi la création attend-elle avec un ardent désir la révélation des fils de Dieu. » (Romain 8,19)
On peut alors supposer que les extra-terrestres, a priori, n’auraient pas besoin de demander le baptême et seraient, de facto, sauvés.
Une famille humaine différente de nos idées préconçues
Toutefois, il est aussi possible que nous ayons affaire à des êtres moraux, disposant d’une définition du bien et du mal aussi aboutie – si ce n’est davantage – que l’être humain. Ces êtres pourraient alors bénéficier du même libre arbitre que l’Homme et, nous le verrons plus loin, avoir également une place dans le plan de salut de Dieu. Car en tant qu’êtres moraux, si demain un E.T. répondant aux exigences de l’Église vient demander en toute sincérité à recevoir le sacrement du baptême, sous quel motif pourrait-on le lui refuser ?
Par ailleurs, nous entendons par « humanité » ce que nous connaissons de l’Homme sur la Terre. Mais si ces êtres avaient suivi un développement physiologique similaire au notre, la question de poserait d’autant plus. Improbable ? Pourtant, cela s’est déjà observé sur Terre : des espèces disparues voilà des millions d’années se sont vu réapparaître sous la forme des équivalents très proches, en suivant pourtant un arbre généalogique très différent. Comme le dit le personnage de Malcom dans le film Jurassic Park : « la vie trouve toujours un chemin ». Sans vouloir tomber dans le délire new âge, on pourrait également citer la théorie, très contestée, des anciens astronautes, qui suggère parfois que l’espèce humaine serait d’origine extra-terrestre (ce qui ne changerait rien à notre fois et ferait le lien avec l’origine du Jardin d’Even).
Finalement, à partir de quand un être est-il humain ou non ? L’Église n’a pas attendu les classements scientifiques pour décider qui pouvait recevoir le baptême et qui ne le pouvait pas. La christianisation des différentes cultures humaines, quand celles-ci étaient pourtant parfois persécutées par les pouvoirs temporels des Hommes, en est un exemple. Sachant cela, pourquoi s’en remettrait-on stricto sensu à la seule classification traditionnelle des espèces ?
Enfin, il ne faut pas oublier que l’être humain est une créature spirituelle ET corporelle. Son essence spirituelle, ou quelque chose d’approchant, a tout à fait pu être insufflée par Dieu ailleurs dans l’univers.
L’Homme ne sait pas tout
Le salut semblant destiné aux Hommes, pourquoi dérouler toute une réflexion autour de son accessibilité aux petits Hommes verts ? Tout simplement parce que comme nous le démontre la Bible en de nombreuses fois, l’Homme ne sait pas tout.
« Car notre connaissance est limitée, et limitée notre prophétie. Mais quand viendra la perfection, ce qui est limité sera aboli » (1 Corinthien 13,9-10)
Partant de ce postulat, nous ne pouvons rien écarter, dans la mesure où la Bible ne semble pas contredire quoique ce soit sur toutes ces questions. Vous en conviendrez alors, la réflexion que nous venons de dérouler ensemble nous ouvre à une grande variété de possibilités, sans aucune réponse toute faite.
À l’arrivée, cela différe probablement d’une espèce d’E.T. à l’autre : certaines voudront le baptême et y auront peut-être droit, d’autres clairement non. Certaines s’en ficheront royalement et y auront peut-être pourtant accès, d’autres s’en ficheront autant qu’il n’y auront pas droit.
Reste alors une toute dernière question, celle qui – je le crois – mettra tous les théologiens d’accord : si E.T. il y a et qu’ils font partie du plan de salut de Dieu, pourquoi l’Homme serait celui par lequel passe son salut ? Ne serait-ce pas un peu arrogant de croire cela ? On va voir ça ensemble tout de suite avant de conclure.
L’Homme peut-il être messager de Dieu auprès d’êtres supérieurs ?
À ce stade de la réflexion, cette dernière question se pose. Il serait en effet légitime de penser qu’une civilisation alien plus avancée ait une nouvelle proposition spirituelle à apporter au genre humain. Ou, si l’on suit un raisonnement purement athée, que des êtres venus d’ailleurs auraient mis au ban toute forme de spiritualité. Mais puisque la physique quantique a su théoriser l’existence de l’âme, nous partirons alors de l’idée qu’au contraire, nos chers petits Hommes verts ont possiblement développé eux aussi une conception de la spiritualité.
Dieu aurait très bien pu déjà leur assurer le salut
A priori, si les E.T. existent, on pourrait être tenté de penser qu’il serait nombriliste de croire que Dieu ne se serait adressé qu’aux Hommes. Cela ne serait d’ailleurs pas totalement incompatible avec ce que dit l’Église Catholique. Cette dernière affirme dans la constitution dogmatique Nostra Aetate :
« L’Église catholique ne rejette rien de ce qui est vrai et saint dans ces religions. Elle considère avec un respect sincère ces manières d’agir et de vivre, ces règles et ces doctrines qui, quoiqu’elles diffèrent en beaucoup de points de ce qu’elle-même tient et propose, cependant apportent souvent un rayon de la vérité qui illumine tous les Hommes. »
Il suffit de voir la pluralité des influences profanes de Saint Thomas d’Aquin (13e siècle) pour s’en rendre compte. Ce dernier œuvra à la réalisation d’une synthèse de la pensée d’Aristote et du christianisme, ce qui vient appuyer le propos. Deux siècles plus tôt, Pierre Abélard, chanoine et père de la scolastique, soutenait que les philosophes avaient déjà exposé ce qu’il y avait à savoir de la Trinité. Et comme cela a été expliqué plus haut, l’Homme ne sait pas tout.
Enfin, rappelons qui est Jésus : Il est pleinement Homme, et en même temps pleinement Dieu. Dieu est un et trin, c’est à dire qu’il est à la fois une seule entité pleine et entière, qui se retrouve en trois hypostases formant la Trinité : le Père, le Fils et le Saint-Esprit.
Ainsi Jésus n’a pas commencé à exister au moment de sa naissance terrestre, Il était déjà là lors de la Création. L’apôtre Jean le dit en ces termes, dès le début de son évangile :
« Au commencement était le Verbe, et le Verbe était tourné vers Dieu, et le Verbe était Dieu. » (Jean 1,1)
« Et le Verbe s’est fait chair et il a habité parmi nous et nous avons vu sa gloire, cette gloire que, Fils unique plein de grâce et de vérité, il tient du Père. » (Jean 1,14)
Ainsi, si le Fils a pris chaire en l’Homme, pourquoi n’aurait-Il pas pris également chaire dans d’autres êtres ?
Le Christ a pris chaire en l’Homme, et non autre chose
Mais il nous faut nous rappeler que la Bible est considérée comme un livre saint. Non parce qu’il a simplement été écrit par des Hommes pour restituer la Parole de Dieu, mais pas qu’il a été inspiré par Dieu. Ainsi considère-t-on que la Bible est la Parole de Dieu. C’est ce qui fait d’ailleurs que la religion chrétienne n’est pas une religion du Livre, comme on l’entend parfois, mais une religion de la Parole. Dans cette Parole, il nous faut nous rappeler un passage en particulier :
« Et si quelqu’un retranche aux paroles de ce livre prophétique, Dieu retranchera sa part de l’arbre de vie et de la cité sainte qui sont décrits dans ce livre. » (Apocalypse 22,19)
L’Apocalypse est une vision de Jésus adressée à Saint Jean. Rappelons que le texte original de l’Apocalypse est authentifié comme datant des années 70 a.p. J.–C. et est attribué à Jean. Le texte utilise un style prophétique, ce qui n’avait rien d’anormal en son temps. Il existe d’ailleurs d’autres textes d’apocalypses, mais qui sont considérées comme apocryphes, c’est-à-dire dont on n’a pas pu en établir l’authenticité. Bref, toujours est-il que dans ce texte de Saint Jean, nulle mention d’un peuple venu des étoiles nous apportant des morceaux manquant de la Révélation. Jésus le dit lui-même sur la croix :
« Quand Jésus eut pris le vinaigre, il dit : Tout est accompli. Et, baissant la tête, il rendit l’esprit. » (Jean 19, 30)
Au sein de l’Église catholique, ce que nous appelons « Révélation » n’est pas un concept flou. La constitution dogmatique Dei Verbum, rédigée à l’occasion du Concile Vatican II, est d’ailleurs très claire sur le sujet. Dei Verbum insiste sur le rôle des Apôtres, dépositaires de la foi, et de leurs successeurs dans la transmission de la Tradition. Ainsi la Révélation ne se résume pas à la Bible, elle est aussi présente au travers de la succession apostolique. C’est-à-dire, la transmission des apôtres à leurs successeurs les Évêques, du dépôt de la foi qu’ils ont reçu de Jésus. De là procède l’autorité de l’Église appelée le Magistère. Et de ce dernier découle ce qu’on appelle la Tradition avec un T majuscule, ou en d’autres termes, l’enseignement et la compréhension de la Parole de Dieu pour notre temps. La Parole de Dieu est donc quelque chose de vivant qui se diffuse au travers de plusieurs canaux, de façon cohérente.
Par ailleurs, citons à nouveau Saint Irénée de Lyon, pour qui l’action de Dieu vient alors récapituler l’Humanité – et plus largement, toute chose (Éphésien 1,10) – en Christ, car comme l’écrit le Professeur Michel Cutino : « le Verbe avait ébauché d’avance en Adam la future économie » du salut. Jésus s’étant fait pleinement Homme pour assurer le salut de toute la Création, il n’y a donc nul besoin que son incarnation se fasse dans autre chose.
Pour en revenir au passage sur l’Apocalypse, nous pouvons alors considérer que le Fils n’a pu donc prendre chaire en autre chose que l’Homme, car c’est sur l’Homme que Dieu a porté tout Son amour. Jésus n’a laissé place à aucun doute sur la question.
L’Homme, un dernier qui deviendra premier
En revanche, cela ne signifie pas que Dieu ne s’est pas adressé à ces autres peuples d’une façon qui lui appartient, pour leur apporter la même chose qu’à nous. Tandis que des êtres humains témoignent de vision, d’apparition et de miracles (pour les sceptiques, rappelons que l’Église catholique mandate des commissions d’enquête objectives, afin d’infirmer ou confirmer ces phénomènes surnaturels), il n’y a aucune contre-indication à ce que la même chose survienne à l’autre bout de la galaxie. On pourrait même supposer que mesurant l’importance du salut de Dieu, certaines espèces d’E.T. feraient alors tout ce trajet uniquement pour Dieu !
Mais alors, comment concilier l’idée que les E.T. puissent être potentiellement plus avancés spirituellement, mais que c’est par l’Homme qu’ils auront accès au salut de Dieu ? Pour ça, il nous faut nous rapporter à une parole de Jésus, dans l’Évangile selon Saint-Matthieu :
« Ainsi les derniers seront les premiers, et les premiers seront les derniers. » (Matthieu 20, 16)
Pour l’anecdote, un jour au cours duquel je suis arrivé en retard à la messe, c’est justement avec cette phrase que le diacre est venu me dire bonjour, sur le ton de la plaisanterie. Au travers de ces mots, le Christ nous dit de nombreuses choses. Celles à retenir sont que les plus grands doivent servir les plus faibles, que ceux qui ont déjà beaucoup seront servis en dernier, que ceux qui n’ont rien seront élevés et que celui qui croit tout avoir sera défait de tout. Un bel exemple est ce moment ou Jésus décide, Lui le plus grand de tous les Hommes parce qu’Il est aussi Dieu, de laver les pieds de ses disciples.
Mesurez-vous la leçon d’humilité que Dieu nous imposerait à nous autant qu’aux E.T. ? L’Homme serait le plus petit des êtres moraux et libres de toute la Création. Et pourtant, c’est sur cet être que Dieu a mis tout Son amour, c’est en cet être que le Verbe a décidé de se faire chaire. D’Alpha et Omega, Il s’est fait dernier. Pour les E.T., la leçon impose sensiblement de prendre les choses avec la même révérence : eux qui sont si avancés, premiers de la Création dans leur évolution, doivent donc voyager plusieurs années-lumière pour venir demander à l’Homme, ce tout dernier, d’être baptisés. Ainsi la Parole de Jésus s’accomplirait au travers de cette situation, ce qui donnerait alors tout son sens à ce qui pourrait être compris comme un paradoxe par le grand public.
Une épreuve pour l’Homme
Terminons alors sur ces quelques mots de notre Pape François, à l’occasion d’une intervention sur Radio Vatican en 2014 :
« Si, par exemple, une expédition de Martiens débarque… Des Martiens, pas vrai ? Vert, avec un long nez et de grandes oreilles, comme les enfants les dessinent… Et que l’un d’eux dit ‘Je veux être baptisé !’ Que se passera-t-il ? Qui sommes-nous pour leur fermer la porte ? »
Une preuve de l’existence des E.T. serait une véritable épreuve d’humilité pour le cœur de l’Homme, et plus particulièrement encore pour l’Homme croyant (en l’occurrence chrétien). Ceci à double titre. Tout d’abord, car l’Homme chrétien découvrirait que Dieu a créé une ou des espèces plus intelligentes que lui, et que Son amour concerne aussi ces espèces également. Mais l’humilité à avoir est encore plus grande, car cela nous permettrait de mesurer à quel point le Père à de la considération pour nous. Nous prendrions en effet réellement conscience que c’est avec nous qu’Il veut sauver l’Univers, tandis qu’Il n’en a nullement le besoin. Ainsi, si des extra-terrestres se montraient désireux de recevoir le baptême, ça serait un signe immense de Dieu, nous rappelant alors combien Il nous aime.