Dans un monde en ruine, New Arcturus lutte pour survivre, frappée par des tempêtes de poussière et des tremblements de terre. Leila, une chercheuse déterminée, et le mystérieux professeur Watanabé s’apprêtent à révéler un secret qui pourrait changer la face de la Terre.
Une explosion tragique, une descente aux confins de notre monde, une civilisation cachée, une révélation terrifiante. Une aventure où le suspense s’entremêle à la science et à l’horreur, où chaque découverte risque d’être la dernière. Préparez-vous, l’expédition commence maintenant…
À son réveil, Leila était sur une étrange plage. Elle regarda autour d’elle, encore sonnée par la chute et la mort tragique du professeur Watanabé. La plage n’avait rien de commun avec ce qu’on pouvait en attendre. Ses couleurs étaient éclatantes, tandis que les formes des rochers la jonchant et l’entourant semblaient tout droit sorties d’un rêve. Elle avait vraiment l’impression d’être dans un autre monde… Alors quand elle vit que le soleil n’avait – lui aussi – rien de commun à ce qu’elle connaissait, elle se pinça même pour savoir si elle ne rêvait pas.
– Aïe !
C’est alors qu’elle entendit une voix derrière elle.
– Bienvenue en Terre Creuse !
Leila se retourna et vit une silhouette se dessine. C’était un homme grand, mince, au teint livide et aux yeux perçants.
– Je m’appelle Vitorè, et je suis l’un des gardiens de la Terre Creuse, dit-il. Je suppose que vous avez beaucoup de questions.
Leila acquiesça de la tête, ne sachant que dire. Vitorè lui expliqua alors que la Terre Creuse était un monde souterrain habité par une civilisation avancée. À en croire Vitorè, cette civilisation était là depuis des millénaires, mais elle avait récemment été perturbée par l’arrivée d’une force étrangère qui cherchait à prendre le contrôle de leur monde.
– Je suis venue pour enquêter sur les tremblements de terre et les phénomènes sismiques qui secouent la surface, dit-elle à Vitorè. Je ne savais pas que cela me mènerait ici.
– Je sais, nous vous attendions. Le professeur Watanabé n’est pas avec vous ? répondit Vitorè.
– Vous connaissez le professeur ?!
– Évidemment, il ne vous a rien dit ! fit Vitorè. Mais maintenant que vous êtes là… Il s’avère qu’il est justement des nôtres. Nous attendions sa venue.
– Voilà qui explique bien des choses… fit Leila de façon songeuse. Malheureusement, Vitorè, je suis désolé de vous apprendre qu’il est décédé durant la tempête. Toutes mes condoléances.
– Oh… À moi de vous retourner celles-ci, je crois qu’il était l’un de vos mentors, n’est-ce pas ?
– Oui, c’est exact.
Vitorè sourit.
– Vous êtes ici pour une raison, Leila. La Terre Creuse a besoin de votre aide. Nous avons besoin de votre expertise pour nous aider à vaincre ces forces obscures qui menacent notre monde.
– Mais comment me connaissez-vous ? Et comment une simple ingénieur pourrait-elle vous aider ? Et où sont mes amis ?
Tant de questions auxquels elle attendait des réponses. Et surtout, comment allait-elle remonter à la surface ? Elle attendait alors que Vitorè lui réponde. Vitorè sourit à nouveau, comme s’il s’attendait à ces questions.
– Nous avons nos propres moyens pour connaître les événements de la surface. Et nous avons besoin de toute l’aide que nous pouvons obtenir pour sauver notre monde. Votre expérience et votre expertise seront très utiles pour nous aider à trouver des solutions durables pour notre société. Quant à vos amis, nous avons des équipes de sauvetage qui les recherchent. Et pour remonter à la surface, nous avons des tunnels qui nous relient directement au monde extérieur. Mais avant cela, nous avons besoin de votre aide.
Elle suivit donc Vitorè à son village. Elle avait besoin de reprendre des forces, de se reposer. Ensuite alors, les réponses viendraient. Après une bonne nuit de sommeil, s’être lavée puis changée, Leila rejoignit Vitorè à la salle commune où il l’attendait. Elle avait enfin avoir des réponses à ses questions.
– Je suppose que vous voulez savoir comment notre civilisation a pu se développer dans un monde souterrain, commença Vitorè.
Leila acquiesça, curieuse de découvrir les secrets de la Terre Creuse.
– Nous avons été guidés par les anciens, une race de créatures avancées qui ont découvert la Terre Creuse il y a des milliers d’années. Ils nous ont enseigné leur technologie et leur savoir- faire, et nous avons pu construire notre propre société souterraine.
Leila était impressionnée. Elle n’avait jamais imaginé qu’une civilisation aussi avancée puisse exister sous terre.
– Mais nous sommes en danger, reprit Vitorè. Les forces qui menacent notre monde viennent de l’extérieur, et nous avons besoin de votre aide pour les vaincre. Nous savons que vous avez enquêté sur les tremblements de terre et les phénomènes sismiques, et nous pensons être en mesure de trouver l’origine de ce problème qui nous affecte également.
Ce que Vitorè s’apprêtait à lui dire, c’est ce n’était pas pour ses compétences qu’il avait en réalité besoin d’elle. Terre Creuse n’avait plus de femme et Watanabé avait saisi l’occasion pour attirer une femme dans sa terre natale. Tandis que la société de Terre-Creuse était désormais réduite à quelques centaines d’hommes, Leila devait permettre à cette civilisation de survivre. Pour autant, d’autres femmes auraient pu aisément remplir ce rôle. Tout du moins, celles qui figuraient parmi les femmes les plus intelligentes, afin que créer une descendance digne de ce nom. La société de la Terre-Creuse était de toute évidence eugéniste. Voilà pourquoi il leur fallait une ingénieur telle que Leila, sans quoi la première paumée sous ecstasy ramassée en rave party aurait suffi.
Leila fut choquée par cette révélation. Aussi tôt elle tenta de prendre la fuite, mais elle fut arrêtée par des soldats de la Terre Creuse dans la seconde. Ils lui expliquèrent que la survie de leur civilisation était en jeu, et que la présence de femmes était vitale pour leur reproduction. Ils ne pouvaient pas se permettre de la laisser partir, même si cela signifiait aller contre sa volonté. Leila craignait le pire, mais elle était pourtant loin d’imaginer la réalité de que Vitorè avait en tête.
*****
En parallèle, Ian et quelques membres de l’équipage s’étaient échoués plus loin. Après avoir inspecté le secteur, ils décidèrent d’aller en éclaireur repérer les lieux. Assez rapidement, ils remarquèrent qu’il n’y avait aucune femme dans la cité.
– Bon sang, mais comment ils font s’ils n’ont plus de femmes ? questionna l’un des matelots tandis que Ian observait la ville aux jumelles.
– Comme en prison : pas par choix, répondit Ian avec un sourire moqueur.
Ian avait toutefois compris que Leila était en danger. Il entreprit alors un plan avec les membres de l’équipage qui avaient survécu. Tandis que lui et quelques hommes iraient secourir Leila discrètement, les autres chercheraient à voler un moyen de locomotion pour récupérer l’équipe de Ian, une fois Leila sauvée.
*****
Un jour, après une semaine de captivité, Vitorè entra dans les quartiers de Leila avec une expression grave sur son visage. Il était accompagné de plusieurs Terre-Creusois qui l’amenèrent dans une étrange salle où se trouvait une machine aux multiples tubes et câbles. Leila invectiva Vitorè :
– Qu’est-ce que c’est, Vitorè ? Qu’est-ce que vous allez faire de moi ?!
– Leila, je suis désolé, mais vous devez comprendre que notre survie en dépend. Cette machine est conçue pour assimiler vos cellules et les utiliser pour régénérer notre peuple. Je vous promets que vous ne ressentirez aucune douleur.
– Et ensuite ? demanda-t-elle.
Leila craignait évidemment la réponse.
– Après un certain nombre de séances, ton corps ne pourra plus supporter le processus, et tu mourras.
Vitorè s’arrêta un temps avant de reprendre.
– Mais tes cellules restantes serviront à créer des hybrides, assurant la continuité de notre peuple.
Leila sentit la colère monter en elle.
– Vous voulez me sacrifier pour votre cause ? Et vous croyez que je vais me laisser faire ?!
Leila fut doucement, mais fermement maintenue par deux des Terre-Creusois tandis qu’un troisième commençait à la brancher à la machine. Chaque tube était inséré avec soin dans une veine différente, et Leila sentit une sensation froide se propager à travers son corps à mesure que la machine commençait à pomper son sang. Elle regarda avec horreur son sang se mélanger à une sorte de liquide lumineux à l’intérieur de la machine, puis être réinjecté dans son corps.
Elle essaya de résister, de lutter contre la machine, mais ses efforts ne servaient à rien. Ses forces l’abandonnaient peu à peu, drainées par la machine infernale. Leila réalisa avec horreur qu’elle était en train de devenir une simple réserve de cellules pour les Terre-Creusois, une source de vie pour une race en voie d’extinction. Et le pire, c’est qu’elle ne pouvait rien faire pour l’empêcher.
Jour après jour, Leila était traitée comme une reine, mais une reine en cage. Des serviteurs Terre-Creusois la nourrissaient avec les mets les plus délicats et lui offraient tous les conforts possibles. Vitorè venait également lui rendre visite. Il lui parlait doucement, presque tendrement, essayant de la convaincre de l’importance de son rôle. Mais tout cela n’était qu’un fard pour masquer la terrible réalité de sa situation. Elle était en effet devenue un simple outil, un instrument pour la survie d’une race sur le déclin.
*****
Pendant ce temps, Ian et son équipe se préparaient à l’action. Ils avaient repéré les routines des Terre-Creusois, appris à se mouvoir dans l’ombre, à éviter les patrouilles. Ils avaient même réussi à se procurer des armes, des outils primitifs comparés à ceux qu’ils avaient laissés sur leur vaisseau, mais suffisamment efficaces pour leur plan. Ils étaient prêts à frapper.
Le temps pressait, car à mesure que les jours passaient, Leila se sentait faiblir. Les Terre-Creusois étaient impitoyables, drainant toujours plus de sa vitalité pour se régénérer. Elle commençait à se demander si elle pourrait tenir assez longtemps pour que Ian arrive. Et plus que tout, elle craignait le moment où ils commenceraient à utiliser ses cellules pour créer des hybrides.
C’est dans cet état de faiblesse et de désespoir que Ian et son équipe choisirent de frapper. Ils s’étaient préparés autant que possible, et ils savaient que chaque seconde comptait. Leur plan était simple : ils entreraient dans la cité, libéreraient Leila, et repartiraient aussi vite qu’ils étaient venus. Mais comme dans n’importe quel plan, rien ne se passa comme prévu.
Quand Ian arriva, il était déjà trop tard. Il découvrit Leila en train d’expirer son dernier souffle, allongée sur une sorte d’autel rituel et branchée à toute une série de tubes. Chacun des tubes était relié à l’un des Terre-Creusois présents. La réalité était plus horrible encore qu’il ne l’avait cru possible : Vitorè et les siens assimilaient les cellules de Leila et semblaient rajeunir au fur et à mesure que son corps se desséchait. Bien qu’ayant fait partie des forces spéciales de Sa Majesté, Ian en avait la nausée.
– Qu’est-ce qu’on fait maintenant, Ian ? demanda un de ses acolytes, son visage blême devant la scène d’horreur.
Ian regarda l’équipage, une expression dure sur le visage.
– On fait ce qu’il faut. On ne peut pas les laisser continuer ça. Préparez-vous à tirer.
– Et Leila ? demanda un autre, l’inquiétude évidente dans sa voix.
– Il est trop tard pour elle. Mais nous pouvons les empêcher de recommencer. Prêts ?
Chacun sortit son arme et commença à tirer sur les Terre-Creusois qui se trouvaient dans la salle. Ils étaient si profondément plongés dans leur transe qu’ils ne réagirent pas avant que la moitié d’entre elles ne soient déjà tombées. Quand enfin ils se rendirent compte de ce qui se passait, il était déjà trop tard. Le reste de l’équipe de Ian avait rejoint la bataille, et les Terre-Creusois étaient pris au dépourvu.
Après un combat acharné, tous les Terre-Creusois présents furent éliminés avant que le combat ne s’étende à toute la cité. N’ayant jamais été préparés au combat, les autochtones subirent de très lourdes pertes. Ian débrancha alors les tubes du corps de Leila et les membres de l’équipage enveloppèrent délicatement son corps dans une couverture. Les traits de son visage étaient douloureusement maigres, mais malgré la douleur de sa mort, une expression de paix semblait avoir trouvé place sur son visage.
C’était maintenant le moment de partir. Ils quittèrent la pièce en portant le corps de Leila et se dirigèrent vers le lieu convenu pour retrouver le reste de l’équipe. Ils trouvèrent un engin, probablement utilisé par les Terre-Creusois pour leurs déplacements, et commencèrent à s’y engouffrer. L’un des membres de l’équipe avait réussi à déchiffrer une partie du fonctionnement de l’engin et ils s’envolèrent rapidement, laissant derrière eux la cité de la Terre Creuse.
Pour Ian et l’équipage, le voyage de retour fut silencieux. Chacun était perdu dans ses pensées, la mort de Leila rendant le silence pesant. Ian espérait toutefois que sa mort ne serait pas vaine.
Et ce fut plus ou moins le cas, puisqu’à leur retour, ils constatèrent que les phénomènes météo, sur lesquels elle travaillait, avaient cessé. De toute évidence, les Terre-Creusois n’y étaient donc pas pour rien. Ian et les siens s’étaient employés à isoler la Terre-Creuse du reste du monde afin qu’elle ne puisse plus jamais nuire. Ainsi les quelques Terre-Creusois survivants furent livrés à eux-mêmes. Désormais trop peu nombreux pour maintenir leur civilisation, avec des équipements endommagés par les combats, ils n’avaient pu poursuivre leurs sombres expérimentations. Ainsi sombrèrent-ils dans l’oubli et furent-ils rayés de la surface de la Terre. Ou plutôt, de ses profondeurs.
