Avec mon épouse, nous sommes allés voir l’épisode VII de Star Wars aujourd’hui. Nous sommes ressortis de la salle de ciné mitigés et surtout, en ce qui me concerne, déçu. A mes yeux, le matraquage marketing n’a eu d’autre rôle que de combler les lacunes du film.
J’ai lu pas mal de choses ici et là au sujet du film, ces derniers jours. Dans un premier temps, une sorte d’ovation générale qui donnait envie. Puis petit à petit, les langues se sont déliées, et mes craintes initiales ont commencé à trouver un écho chez certains blogueurs (voir ici et là). J’ai donc laissé mes préjugés à l’entrée de la salle de ciné, en me disant qu’au pire ça serait quand même un bon blockbuster. Et bien même pas. Soyons clairs, marcher dans les pas de Maître Lucas n’est pas chose aisé. J.J. Abrams avait un sacré défi à relever. Mais en acceptant le challenge, il a aussi accepté de se soumettre à la critique et de perdre. Attention, risques de spoilers.
Un histoire… quelle histoire ?
Comme le soulève très bien et avec cynisme le blogueur Un Odieux Connard, et ça n’aura échappé à personne, l’histoire n’est ni plus ni moins que celle de l’épisode IV, sorti en 1977. Ca pourrait passer si quelques nouveautés scénaristiques intéressantes étaient apportées, mais nullement. Chaque personnage du premier film trouve son équivalent : Rey est Luke, Finn est Leïa, Solo prend la place d’Obi Wan, Kylo est un Dark Vador raté, Poe nous fait un Solo plus effacé, Snoke est Palpatine, et BB-8 n’est rien d’autre que l’archétype même d’un R2-D2 marketing. Il n’y a que Chewie et C3PO qui restent fidèles à eux-mêmes. Avec un bras rouge pour ce dernier, histoire de nous montrer qu’il a été réparé avec des pièces détachées. C’est que les temps sont dures, ma bonne dame !
A l’inverse du Faucon Millenium qui a pourtant subit l’ouvrage du temps, le film peine à démarrer. Durant 20 minutes je me suis demandé où celui-ci cherchait-il à nous emmener. Ce n’est qu’au bout de peut-être une heure que les choses ont commencé à s’activer, quand Finn allume le seul sabre laser Jedi du film. La mise en scène est aussi douloureuse que le démarrage du film, Finn n’est pas très fin (ok, elle était facile celle-là) et Rey n’est pas sans nous rappeler Padme Amidala dont la vie dans le désert aurait encombré la matière grise de sable. N’en voulons pas trop à J.J. Abrams, on observe la même absence de caractère chez Mark Hamill durant une partie de l’épisode IV. Mais espérons que les acteurs sauront sonner moins creux dans les prochains épisodes. Heureusement, Carrie Fisher et Harrison Ford relèvent clairement le niveau.
Un méchant avec moins de crédibilité qu’un jawa
Vous vous souvenez des jawa ? Ces créatures encapuchonnées dont on ne voit que les yeux ? Ba voila. J’ai décidé de renommer ce véritable ado colérique Kylikylo. Si le film développe un aspect réellement très intéressant de la Force, comme le fait d’être tenté par le côté lumineux, Kylikylo est un bipolaire en puissance. Noir, blanc, noir, blanc… la Force est branchée en mode courant alternatif avec lui ! Il donne envie de traverser l’écran pour lui donner des baffes, chose que papa Han Solo semble ne pas avoir fait assez souvent durant ses jeunes années. Ses excès de colère n’ont rien à voir avec un super-vilain emblématique et il a l’attitude égocentrique de gosse pourri gâté. « Je porte un casque qui change ma voix pour faire comme papy vilain ». Hey, p’tit père, t’as oublié que ton grand-père est revenu du bon côté au moment de passer le sabre à gauche ?
C’est vraiment dommage car à contrario, le Leader Suprême Snoke et la base Starkiller sont plutôt crédibles et succèdent assez bien à Palpatine et l’Étoile de la Mort. En revanche, je crois qu’on va rire quand on verra la taille réelle de Snoke, qui d’après moi n’est géant que grâce à son hologramme.
La signature de Disney : l’humour lourd
L’humour a toujours été présent dans Star Wars. Mais à petite dose, de façon subtile, et teintée d’une pointe de machisme chez Han Solo. S’il n’y a rien de mal à vouloir rafraichir tout ça, Disney semble presque tomber dans la caricature. Un tire de blaster fait valser un stormtrooper à l’autre bout de la pièce, Chewie se plaint du froid en pleine mission, des stormys’ qui font demi tour durant leur ronde quand ils voient leur boss s’exciter avec son sabre, et j’en passe. J’avais l’impression de retrouver le même humour que dans n’importe quel Dinsey. Parfait pour toucher un nouveau public, mais pas forcément adapté aux fans.
Points positifs
Car bien heureusement, il y en a quelques uns. On notera la direction artistique du film qui a été particulièrement soignée. L’univers est là, et on y croit vraiment. Seule la dernière scène, avec une mise en scène qui force la gêne, laisse un peu dubitative car le décor de celle-ci a plus sa place dans le Seigneur des Anneaux que dans Star Wars. Les effets spéciaux sont également au rendez-vous. D’une grande qualité, ceux-ci ne ne surchargent pas le film et J.J. Abrams n’a pas abusé des « lens flare » à outrance, comme il a pu le faire dans Star Trek : Into The Darkness. Côté bande-son, John Williams s’en sort bien, même si on reste loin de ce qu’il a fait pour les précédents films. Ce n’est pas mauvais, mais on sent le poids des années peser sur la partition.
Star Wars, film de l’année du budget marketing
Pour ma part, je n’irai pas voir les suites au cinéma. Je les regarderai certainement, mais du fond de mon canapé. J’ai trouvé ce film long et les attentes que j’avais n’ont absolument pas été comblées. Sans aller jusqu’à dire que Disney a chié sur la saga, ils l’ont clairement abîmé. L’Univers étendu était plein de bonnes idées qui auraient pu être exploitées. Mais non, il a fallu qu’ils fassent table rase pour faire leur truc à leur sauce.
Le fan service fait son job, mais avec tellement de zèle que cet épisode VII passe pour un reboot du IV qui n’est pas assumé. Loin d’être un chef d’œuvre comme les premiers opus, cet épisode nous laisse le goût passable d’un plat qu’on aurait réchauffé un peu trop longtemps au micro-ondes. Ce n’est pas non plus un mauvais film : la direction artistique est très bien foutue et les images sont belles. Je pense que cet épisode séduira facilement un nouveau public, mais je trouve son succès largement démesuré, car nous sommes loin de la qualité de l’œuvre de Georges Lucas. Star Wars était le bébé de Georges Lucas et celui-ci a du avoir l’impression de se réveiller avec la gueule de bois en voyant ce nouveau film.