Cela faisait un moment que je souhaitais un holster pour mon arme de défense. Mais j’ai finalement opté pour en fabriquer un moi-même. Mais n’ayant jamais travaillé le cuir, c’est le genre d’idée à la con dont le résultat aurait pu être très approximatif. Spoiler : c’est une réussite !
Il y a quelques mois, je me suis acheté une arme de défense, un LTL Apha 1.5. Concrètement, qu’est-ce c’est ? Il s’agit d’une arme de défense de catégorie D qui fonctionne avec des cartouches de CO2 et lance des billes de caoutchouc et/ou de caoutchouc avec intérieur en acier. Ce n’est pas une arme à feu. Ça fait très très (très) mal, mais c’est (plus ou moins…) non létal, car la puissance n’est « que » de 20 joules. À titre de comparaison, une arme à feu comme la célèbre carabine 22 Long Rifle tape les 137 joules, tandis qu’une arme d’air soft affiche en général 3 à 7 joules.
Sauf qu’il y a un hic : si en apparence cette arme imite le Beretta 92, pour des raisons techniques son canon est légèrement plus long que l’original. Ce qui veut dire qu’aucun holster n’est réellement adapté. J’ai donc pris le taureau par les cornes : fabriquer mon propre holster. Ni une, ni deux, je récupère une vieille paire de bottes du petit et je m’essaie à un prototype. Peut concluant, mais ça m’a appris assez de choses pour passer à la vraie version. Et pour ça, il me fallait une belle pièce de cuir !
Alors, comment faire ? Eh bien, une petite excursion chez Emmaüs a été la première étape. En fouinant un peu, je suis tombé sur une sacoche qui avait l’air tout droit sortie de la salle de classe d’un prof d’art plastique des années 90-2000. Le cuir bordeaux n’était pas aussi épais que j’aurais voulu, mais il était collé à une couche d’un matériau un peu rigide, un genre de carton, lui-même revêtu de skaï noir. Ca ferait le job. Sachant que le cuir allait passer par une étape d’ébouillantage (j’y reviendrai), j’ai également pris le temps de fabriquer une réplique en bois de mon Alpha pour m’en servir de « manequin », si je puis dire.
Poursuivons. Après avoir ramené la sacoche à la maison, je me suis mis à la dépiauter. Une fois la sacoche mise en pièces, il était temps de s’attaquer à la conception du patron. Mon premier essai n’était pas terrible, donc j’ai décidé de prendre comme point de départ un holster existant. Je me suis servi de celui-ci comme inspiration pour dessiner le contour à plat sur le logiciel Adobe Illustrator (dont je dispose grâce à mon boulot) afin de créer un deuxième patron. Après l’avoir imprimé, j’ai dû faire quelques ajustements pour qu’il soit parfaitement adapté.
Après avoir surmonté la phase la plus complexe, il fallait passer à l’étape de découpage du cuir. L’idée était d’éviter que le cuir ne s’endommage en étant replié sur lui-même. Et c’est là qu’est intervenue la phase d’ébouillantage. Cependant, l’Alpha étant en plastique, il y avait fort à craindre qu’il n’apprécie pas le traitement. C’est dans cette optique que j’ai recréé une réplique en bois de mon arme.
Ensuite, place au perçage. Cette partie s’est avérée être la plus longue et particulièrement emmerdante, il faut le dire. Ca m’aura pris plus de deux heures, principalement parce que je n’avais pas les outils adaptés sous la main. J’ai commencé par piquer une première fois avec un crochet de dentiste (que j’utilise pour le modélisme) que j’avais chauffé à la flamme. J’ai répété l’opération une seconde fois avec un crochet un peu plus épais, toujours chauffé. Pour terminer cette étape, j’ai élargi les trous une troisième fois avec un petit tournevis cruciforme, une fois de plus chauffé. Bref, c’était chiant.
Et enfin, place au moment tant attendu : le laçage ! J’avais en stock de la cordelette marron et quelques lacets. Ce fut la partie la plus facile, et franchement, c’était un vrai bonheur de voir le travail aboutir au résultat que vous pouvez admirer ci-dessous.
En somme, malgré quelques étapes laborieuses et un brin d’improvisation, je suis ravi du produit final. C’est la preuve qu’avec un peu de la patience et une approche « système D » on peut réaliser des choses très très cool. Merci d’avoir suivi ce petit périple artisanal !